Alors que la liquidation judiciaire est souvent perçue comme la principale cause de la disparition des entreprises, un autre phénomène attire l’attention : la cessation volontaire. Anne Epaulard et Loïc Lahellec, dans une note de France Stratégie publiée le 12 juillet 2023, mettent justement en lumière cette tendance. En 2021, les fermetures volontaires ont, en effet, retrouvé leur cadence de 2019. Plus d’infos dans la suite !
80 000 cessations d’activité « volontaire » !
C’est un phénomène qui pourrait bien surprendre plus d’un observateur : chaque année, 80 000 entreprises décident, de leur propre chef, de se retirer de la scène, se faisant ainsi radier du Registre du Commerce et des Sociétés (RCS). Oui, vous avez bien lu : sur 160 000 entreprises qui tirent leur révérence chaque année (en laissant de côté les micro-entreprises), la moitié le fait de plein gré ! Pour vous donner un ordre d’idée, c’est deux fois plus que celles qui sont poussées vers la sortie par une liquidation judiciaire – qui compte pour 40 000 par an.
De l’avis de Rivalis, ce qui surprend encore plus, c’est que ce penchant pour la sortie volontaire n’a que légèrement marqué le pas en 2020. Les années 2021 et 2022 ont vu un retour en force à ce phénomène, égalant la cadence de 2019 – une année déjà plus active que les précédentes. Anne Epaulard et Loïc Lahellec, auteurs de l’étude de France Stratégie, expliquent : « Se trouve ainsi relativisée la crainte que le soutien aux entreprises pendant la pandémie ait empêché la sortie du marché des entreprises peu productives ».
Les entreprises peu productives particulièrement concernées
Le profil type parmi les entreprises qui choisissent de baisser le rideau de manière volontaire ? Eh bien ce sont surtout les entreprises de petite taille et affichant une productivité assez modeste. A y regarder de plus près, leurs performances se rapprochent de celles des entreprises en déroute. Pourtant, elles n’ont pas le lourd fardeau de la dette que portent leurs consœurs en difficulté, ce qui augure d’une bonne nouvelle à l’horizon : les entreprises performantes ne jettent pas si facilement l’éponge en France !
Anne Epaulard et Loïc Lahellec, les têtes pensantes derrière l’analyse, sont formels. Dans les grandes lignes, les auteurs expliquent que si le marché fait un bon ménage en écartant surtout les entreprises au bas de l’échelle de la productivité, c’est une réussite : « Le tri par le marché est efficace si ce sont bien les entreprises les moins productives qui disparaissent. Une partie des entreprises arrêtent leur activité à la suite d’une procédure collective : elles affichent une productivité plus faible que les entreprises qui restent ».
Le secteur des services marchands mène la danse des départs volontaires
Qui sont donc ces entreprises qui quittent volontairement la scène ? Elles sont généralement de petite taille, avec une moyenne de 3,5 salariés. Et, fait marquant : près de 9 sur 10 de ces entreprises comptent six salariés ou moins. Il est tout aussi intéressant de noter que les entreprises industrielles ne forment que 10 % de l’échantillon, et encore moins d’entre elles, 6 % pour être exact, choisissent la voie de la radiation volontaire. Et la construction, souvent mise en lumière pour ses nombreuses défaillances (32 % pour être précis) ? Elle est moins encline aux sorties discrètes, avec seulement 20 % de ces départs.
Le véritable protagoniste de cette histoire est le secteur des services marchands hors commerce, jumelé au transport, à l’entreposage et à l’hébergement/restauration. Ce groupe représente 32 % de l’échantillon, et prend une part encore plus grande du gâteau des départs volontaires : 34 % pour être précis.