C’est en tout cas ce pour quoi militent des politiciens et financiers sud-américains au Forum de Davos, qui lancent un appel pour la mise en place de formes d’exploitation durable de l’Amazonie. Cela rejoint un appel plus global de Davos : la déforestation de l’Amazonie ne doit pas rimer avec rentabilité.
D’habitants de la forêt amazonienne à entrepreneurs
Saviez-vous que 60 % du territoire brésilien est en Amazonie ? C’est-à- dire l’importance de la forêt pour le pays. Un pays dont le président de la Banque du développement (BNDES), Gustavo Montezano, a déclaré en Suisse : « Il s’agit de réguler, légiférer, et poser les bases afin que les habitants de la forêt deviennent entrepreneurs, ce qu’ils souhaitent vraiment ». Aujourd’hui, la BNDES investit lourdement pour le reverdissement de l’Amazonie, coupant court à une pratique qui sévit depuis des années, qui consiste, selon Gustavo Montezano, à penser que « détruire la forêt permettait de créer de la valeur économique ».
Pour rappel, le bassin amazonien couvre 9 pays, représentant 40 % de l’Amérique du Sud, soit une superficie de 7,4 millions de km² qui abrite plus de 34 millions de personnes. Pour protéger la forêt, plusieurs acteurs militent pour le renforcement de l’OCTA (Organisation du traité de coopération amazonienne), un traité mis en place dans les années 70. En 2019, l’OCTA a réaffirmé ses velléités transnationales, malgré le fait qu’il ne couvre pas tous les pays de la région.
Politique de la carotte et du bâton
C’est la politique que semble prôner Iván Duque, l’actuel président de la Colombie. Autrement dit, il appelle à stimuler la culture durable de fruits et de baies, tout en punissant la déforestation. De son côté, le Pérou, second pays avec le plus grand territoire en Amazonie après le Brésil, appelle, par la voix de sa vice-présidente, à acheter les fruits cultivés dans la région à prix juste. La région doit donc se diriger vers une forme de bioéconomie, que la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) définit comme étant la transformation durable des ressources biologiques. Une démarche qui, de l’avis de Life ONG, implique la participation active des administrations publiques pour qu’elle devienne une alternative viable à l’élevage et à l’exploitation minière, principaux destructeurs de la forêt tropicale.
Déforestation et proximité des routes
En favorisant l’élevage de bétail, la proximité des routes serait la principale raison de la déforestation. C’est en tout cas ce qu’a confirmé une étude de Ricardo Hausmann, économiste vénézuélien et professeur à Harvard. Tout part du postulat selon lequel les éleveurs ont besoin de bonnes infrastructures, notamment routières, pour vendre leur production. A ce propos, Ricardo Hausmann montre qu’il y a une contradiction criante entre ce que prônent les politiques locales et nationales au sujet de la déforestation : « 90 % de la déforestation se produit dans un rayon de 10 kilomètres des routes. Et qui construit ces routes ? Les maires et les gouverneurs », explique-t-il.