Marbres du Panthéon : bientôt la fin du différend ?

mars 30, 2022

Cela fait plusieurs dizaines d’années que la Grèce, qui revendique la propriété des marbres du Parthénon de l’Acropole d’Athènes, réclame le rapatriement des pièces exposées au British Museum de Londres. Le Royaume-Uni, jusqu’ici resté sourd aux demandes d’Athènes, pourrait revoir sa position. Le point sur le sujet avec Helmi Boutros.

Vers une résolution de la querelle ?

Selon de nombreux observateurs, la querelle qui oppose la Grèce et le Royaume-Uni au sujet des marbres du Parthénon de l’Acropole d’Athènes pourrait bientôt trouver une voie de résolution. Nous vous le disions, cette question épineuse oppose les deux pays depuis quelques décennies déjà. A ce propos, le directeur du musée de l’Acropole, Nikos Stampolidis, a déclaré à l’AFP : « On ne parle pas de n’importe quelle œuvre d’art éloignée de son lieu d’origine, mais de toute une partie d’un monument architectural symbole de la culture mondiale. On parle de la réunification du monument du Panthéon ». Rappelons que le monument du Panthéon, qui date du Ve siècle avant notre ère, est l’un des sites les plus visités de la planète.

Le principal sujet du différend ? Deux œuvres majeures exposées au British Museum à Londres : les cariatides de l’Erechthéion et une frise de 75 mètres détachée du Panthéon. Deux pièces dont la Grèce réclame officiellement le rapatriement depuis le début du siècle dernier, mais sans réussir à les obtenir. Pour se défendre, le Royaume-Uni revendique la légalité de la transaction qui a permis à Lord Elgin, diplomate britannique, d’acquérir les deux œuvres en 1802, avant de les revendre au British Museum. Pour sa part, Athènes affirme qu’elles ont été tout simplement pillées durant l’occupation ottomane.

Au Royaume-Uni, on assiste à un revirement de bord de l’opinion publique, révélé par l’institut YouGov qui a mené un sondage sur le sujet. Résultat : 59% des britanniques sont d’avis que les œuvres appartiennent bel et bien à la Grèce (37% en 2014). La Grèce peut également compter sur le soutien du très influent quotidien anglais The Times qui, après avoir longtemps été du côté du British Museum dans l’affaire des marbres du Parthénon, a récemment soutenu Athènes en estimant, janvier dernier, que « les temps ont changé. Les sculptures appartiennent à Athènes. Elles doivent maintenant y retourner ». Fin de citation.

Le British Museum semble assouplir sa position

Tout semble indiquer que le British Museum est en phase d’assouplir sa position dans cette affaire, si l’on en croit le journal grec Ta Nea. Le quotidien rapporte qu’un porte-parole du musée britannique a dit, en réponse à une question sur un possible prêt des marbres à la Grèce, que « normalement » l’emprunteur doit reconnaître la propriété du British Museum, alors qu’on parlait plutôt de « précondition » du côté britannique. Pour l’avocat en patrimoine culturel Mark Stephens, cité par Ta Nea, « c’est un adoucissement de leur position, qui indique un désir de faire ce qui est bien : restituer les marbres ». Seul bémol, toujours selon l’avocat : « Le Royaume-Uni est devenu très nationaliste s’agissant des litiges sur le patrimoine culturel ».