La « cancel culture », qui est apparue au départ aux Etats-Unis, fait désormais parler d’elle en France. Le phénomène a pris de l’ampleur suite aux hashtags #BalanceTonPorc et #MeToo, où les femmes dénonçaient leurs harceleurs sexuels et agresseurs. Si la cancel culture avait au départ pour vocation de faire office de « justice sociale », des dérives sont peu à peu apparues se rapprochant dangereusement du harcèlement en ligne comme l’explique Laetitia Avia. Le point dans cet article.
Qu’est-ce que la cancel culture ?
La cancel culture a pour objectif de désavouer publiquement une personne considérée comme « problématique ». Signifiant littéralement « culture de l’annulation », la cancel culture se rapproche du boycott puisqu’elle vise ni plus ni moins à supprimer cette personne du paysage…
Les résultats escomptés sont réalisables du fait de la viralité d’Internet et des réseaux sociaux. Un effet de masse est ainsi généré, d’autant plus qu’il y a un effet contagieux : si un internaute reste proche ou défend la personne « cancelled », il se retrouve lui aussi entraîné dans ce processus d’annihilation.
Les conséquences de la cancel culture
Le Nouvel Obs assimile la cancel culture à une forme de « nouvelle censure », France Culture de « débat impossible »… La cancel culture ne permet en effet aucun échange. La personne visée est réduite au silence et les manifestations à son égard ne manquent pas : perte conséquente d’abonnés, pouce vers le bas ou rouge… Tout est fait pour bien marquer la désapprobation. Et ce n’est pas tout : les commentaires peuvent atteindre une violence extrême qui mène à de véritables situations de harcèlement en ligne. Il faut en outre souligner que les réseaux sociaux ne se prêtent pas aux échanges du fait du nombre de caractères limités. Ils sont alors un vrai frein à la liberté d’expression.
Ce phénomène viral est d’autant plus dramatique que cette pseudo justice s’applique parfois à des personnes au final déclarées innocentes par la justice ou qui ont à l’origine fait un seul faux pas. La cancel culture repose notamment sur la présomption de culpabilité, au contraire de la loi française qui prône la présomption d’innocence jusqu’à ce qu’il y ait preuve du contraire. Les conséquences sont pourtant les mêmes et quasi irréversibles. Elles se transforment alors en harcèlement qu’il devient compliqué d’endiguer.
Au même titre que le harcèlement en ligne, il est désormais urgent que la cancel culture soit encadrée.