Le port de Sébastopol, solidement fortifié, sur la côte sud-ouest de la Crimée, était la principale base navale de la flotte russe de la mer Noire. Pendant la guerre de Crimée (1853-1856), la capture ou la destruction de cette place forte est devenue le principal objectif militaire des armées alliées britannique, française et turque qui s’opposaient à la Russie. Sébastopol a subi un siège de 11 mois avant de capituler devant l’ennemi en septembre 1855. Le point sur le sujet avec Théobald de Bentzmann.
L’épisode principal de la guerre de Crimée
La guerre de Crimée a connu un événement particulier, le tristement célèbre siège de Sébastopol. Tristement célèbre car largement documenté, les Récits de Sébastopol étant l’une des œuvres les plus connues sur le sujet. En effet, Léon Tolstoï raconta le siège dans un récit d’une rare beauté, à mi-chemin entre le reportage et la fiction. Particulièrement sanglant, le siège dura onze longs mois, faisant de nombreux morts des deux côtés, du 9 octobre 1854 au 11 septembre 1855. Les décès ne furent toutefois pas tous dus au siège… Des maladies meurtrières sévissaient aussi à l’époque, notamment le choléra et le scorbut.
Siège de Sébastopol : le contexte
Les principales opérations militaires de la guerre de Crimée se sont déroulées autour du port de la marine russe de Sébastopol, qui a été le théâtre de violents combats et d’un long siège avant d’être abandonné aux forces alliées de la Grande-Bretagne, de la France, de la Turquie et de la Sardaigne.
Les hostilités ont fait suite au rejet par la Turquie des tentatives russes d’obtenir des droits comparables à ceux de la France dans un conflit portant sur la protection des sites religieux et des sujets chrétiens dans la Palestine sous contrôle ottoman. D’autres revendications russes concernant d’autres territoires contrôlés par les Ottomans ont entraîné l’invasion et l’occupation par la Russie de la Moldavie et de la Valachie dans les Balkans. La Russie refuse les demandes des autres puissances européennes de se retirer immédiatement de la région, ce qui incite la Turquie à déclarer la guerre (4 octobre 1853). La Turquie est victorieuse sur terre à Oltenitza (4 novembre 1853), mais subit une défaite en mer lorsqu’une escadre navale russe détruit une flottille turque à Sinope (30 novembre 1853).
La Grande-Bretagne et la France déclarent la guerre
L’invasion russe de la Bulgarie conduit la Grande-Bretagne et la France à déclarer la guerre. Les alliés dépêchent une flotte en mer Noire et une armée expéditionnaire anglo-française est basée à Varna, sous le commandement conjoint de Raglan et Saint Arnaud. Peu après, des navires de guerre alliés attaquent Odessa. Avec le consentement de la Turquie, l’Autriche déplace une armée en Moldavie et en Valachie, obligeant la Russie à retirer ses forces des Balkans. Cette dernière refuse cependant l’assurance de résister à de nouvelles attaques contre l’Empire ottoman.
En représailles, la Grande-Bretagne et la France décident d’assiéger et de prendre Sébastopol. L’armée alliée est transportée de Varna en Crimée, soutenue par une flotte sous les ordres de Lyon. Débarquant sur la péninsule de Crimée, les forces alliées avancent sur Sébastopol, battant les Russes à Alma. Le commandant russe se retire à Sébastopol, qui est mis en garnison et renforcé. Arrivés à Sébastopol, les bases alliées sont établies à Balaklava et Kamiesch, tandis que la flotte bloque l’entrée du port. L’assiégement et le bombardement du port par terre et par mer commencent. Deux tentatives des Russes pour lever le siège sont défaites à Balaklava et à Inkerman.