La transition énergétique en Allemagne est-elle menacée par la guerre en Ukraine ?

mars 1, 2022

Pleinement consciente de sa dépendance au gaz russe, l’Allemagne a pris les devants en officialisant la construction de deux terminaux d’importation de GNL (gaz naturel liquéfié), dont la mise en service est prévue, selon les estimations les plus optimistes, en 2026. Dans cette attente, la fédération allemande des PME fait le pressing pour que les trois derniers réacteurs nucléaires soient maintenus en service après fin 2022, pour éviter la pénurie énergétique. Le point sur le sujet avec Open Energie.

L’arrêt programmé des 3 derniers réacteurs nucléaires allemands

Les Allemands craignent une hausse massive des coûts du gaz. En cause, l’arrêt programmé des trois derniers réacteurs nucléaires du pays en plein hiver, au 31 décembre 2022. Pour ne rien arranger, cette période est celle où les réserves de gaz sont au plus bas. Pire, la guerre en Ukraine perturbe sérieusement aujourd’hui la politique énergétique de l’Allemagne, d’autant plus après le gel de l’autorisation du gazoduc Nord Stream 2 le mois dernier.

Rappelons que l’Allemagne importe 55% de ses besoins en gaz de Russie. Pour réduire sa dépendance, le chancelier Olaf Scholz a pris les devants en annonçant la construction de deux terminaux d’importation de GNL, alors que le pays préférait jusque-là passer par les ports de Rotterdam et de Zeebrugge. A partir de 2026, les importations de GNL en provenance des Etats-Unis et du Qatar seront accueillies par deux villes côtières de la mer du Nord, en l’occurrence Brunsbüttel et Wilhelmshaven. La première aura une capacité de 8 milliards de m3 par an, contre 10 milliards de m3 pour la seconde. Coût total estimé du projet : 900 millions d’euros.

Risque de black-out

La date de mise en service des deux terminaux (2026) ne présage rien de bon pour l’indépendance énergétique de l’Allemagne. En attente de leur mise en service, la Fédération allemande des PME (BVMW) insiste sur la mise en place d’un moratoire sur l’énergie, particulièrement dans ce contexte de conflit en Ukraine. A ce propos, le directeur général de la BVMW, Markus Jerger, déclare : « En clair, cela signifie que l’abandon du charbon d’ici à 2030 doit être suspendu et que les centrales nucléaires restantes doivent rester connectées au réseau après la fin de l’année ».

Rappelons que les trois derniers réacteurs nucléaires allemands sont appelés à cesser leur activité au 31 décembre 2022, en plein hiver et au moment où les réserves de gaz sont au plus bas, ce qui laisse présager une hausse vertigineuse des prix. Là encore, la BVMW met en garde, toujours par la voix de son directeur général, qui juge qu’ « une économie aussi industrialisée comme l’Allemagne a besoin d’un approvisionnement énergétique fiable avec un maximum d’indépendance. Dans le cas contraire, le risque de black-out est réel ». Toutefois, les trois producteurs d’énergie du pays, en l’occurrence E.On, RWE et EnBW avancent le fait qu’il sera techniquement compliqué de prolonger l’activité des centrales nucléaires au-delà de la date butoir du 31 décembre 2022, le législateur estimant que l’Allemagne devra envisager son avenir énergétique sans le nucléaire.