La grève automobile aux États-Unis : un mouvement qui prend de l’ampleur

octobre 24, 2023

L’industrie automobile américaine, pilier historique de l’économie du pays, est actuellement secouée par un mouvement de grève d’une ampleur inédite. Depuis près de quatre semaines, les rues retentissent du mécontentement des travailleurs, et le bruit des usines s’estompe peu à peu. En effet, le nombre de grévistes a atteint le chiffre impressionnant de 34 000, et la tension ne cesse de monter.

L’épicentre du conflit

Mercredi 11 octobre 2023, un événement majeur a marqué cette grève : 8 700 salariés d’un site Ford du Kentucky ont rejoint le mouvement, répondant à l’appel du syndicat United Auto Workers (UAW). Ces travailleurs, originaires d’une usine de Louisville, ont renforcé les rangs des grévistes des trois grands constructeurs automobiles américains historiques : Ford, General Motors et Stellantis (anciennement Chrysler). Bien évidemment, cette montée en puissance a suscité de vives réactions.

Selon Prestige Cars avis, le cœur du conflit réside dans le refus obstiné de Ford de faire davantage de concessions dans les négociations sur un nouvel accord collectif. De surcroît, l’UAW a souligné que la décision de Ford de ne pas avancer davantage dans les négociations a été le déclencheur de cette amplification du mouvement. Shawn Fain, le président du puissant syndicat, a déclaré avec fermeté : « Nous avons été très clairs, et nous avons attendu assez longtemps, mais Ford n’a pas compris le message ». Ainsi, le ton est donné, et le bras de fer entre les deux parties ne montre aucun signe d’apaisement.

Les enjeux : salaires et transition énergétique

Au-delà des tensions palpables, les discussions achoppent principalement sur le montant des revalorisations salariales. L’UAW, dans sa quête de justice pour ses membres, réclame une augmentation salariale de 40 % sur les quatre prochaines années. En comparaison, Ford n’a proposé que 23 %, tandis que GM et Stellantis se sont arrêtés à 20 %. Aussi, le syndicat cherche à obtenir des garanties relatives à la transition des trois constructeurs vers l’électrique, un enjeu majeur pour l’avenir de l’industrie et de ses travailleurs.

D’autre part, malgré le climat tendu, l’UAW avait fait état de « progrès importants » dans les négociations la semaine précédente. Shawn Fain avait même évoqué une « percée majeure » avec General Motors concernant la fabrication de batteries pour véhicules électriques. Cette avancée, bien que significative, montre à quel point la révolution énergétique a changé de manière drastique les négociations. Elle souligne également l’importance de garantir l’emploi dans cette transition.

Soutien présidentiel et répercussions économiques

Le mouvement de grève a reçu un soutien de taille : celui du président Biden lui-même. En effet, lors d’une visite sur un piquet de grève du Michigan début octobre, le chef de l’État a publiquement soutenu que le syndicat pouvait légitimement réclamer une hausse de salaire de l’ordre de 40 % sur la durée de la nouvelle convention. Une telle prise de position, venant d’une figure aussi emblématique, ne peut qu’ajouter du poids aux revendications des grévistes.

Néanmoins, les conséquences économiques de cette grève sont loin d’être négligeables. Ford a qualifié l’annonce de l’UAW de « grossièrement irresponsable », prévenant que l’expansion de la grève aurait des conséquences douloureuses pour l’entreprise et ses fournisseurs. En effet, le système de production interconnecté signifie que même les sites non directement touchés par la grève ressentent ses effets.