Les jeunes face à une crise du logement sans précédent

décembre 19, 2024

Pour les 16-30 ans, trouver un toit est devenu un véritable parcours du combattant, et cette année, la situation est encore plus désespérée. La directrice de l’Union Nationale pour l’habitat des jeunes, le confirme : la crise du logement frappe de plein fouet la jeunesse, au point de contraindre certains à abandonner leurs études ou à retourner chez leurs parents, faute de logement.

La Coalition pour le Logement des Jeunes, qui regroupe plusieurs associations nationales, est montée au créneau pour alerter l’opinion publique. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : pour cette rentrée 2024, les jeunes peinent encore davantage à trouver un logement abordable. « La situation n’a jamais été aussi critique », lance la directrice. En cause, plusieurs facteurs qui se combinent pour précariser cette génération, comme la réforme de 2021 des aides au logement, qui pénalise particulièrement les jeunes. Décryptage !

Des aides au logement qui ne suivent plus

Avec cette réforme, les aides personnelles au logement sont désormais calculées en temps réel, suivant l’évolution des revenus de leurs bénéficiaires. De l’avis de Directe Location, cette instabilité complique sérieusement les choses pour jeunes, souvent en contrats courts et précaires. « Avant, les aides étaient attribuées pour une année entière en fonction des revenus de deux ans plus tôt. Aujourd’hui, avec le calcul en temps réel, c’est un coup dur pour ceux dont les revenus varient constamment », explique Mme la directrice.

La réalité, c’est que les jeunes voient leurs revenus diminuer tandis que le coût de la vie explose. Et comme si cela ne suffisait pas, l’offre de logements sociaux stagne. Les jeunes, qui représentent la frange la plus pauvre de la population, sont donc les premiers touchés, contraints de faire face à des loyers inaccessibles.

Les enfants boomerangs : le retour au foyer parental

Face à cette impasse, de plus en plus de jeunes actifs sont contraints de retourner vivre chez leurs parents, un phénomène que l’on appelle désormais les « enfants boomerangs ». « Ce n’est plus une exception, c’est la norme pour beaucoup », souligne la directrice de l’Union Nationale pour l’habitat des jeunes. Avant 2021, un jeune restait en moyenne six mois dans un foyer pour jeunes travailleurs. Aujourd’hui, cette durée a presque doublé, atteignant onze mois. Le résultat est sans appel : les foyers ne peuvent plus accueillir autant de jeunes, leur capacité d’accueil ayant chuté de 90 000 à 50 000 places par an.

Et pour ceux qui cherchent dans le parc privé, la galère continue. Entre les cautions de plusieurs mois, les exigences des propriétaires et les justificatifs de revenus, les jeunes se retrouvent coincés. « Beaucoup finissent par abandonner leurs études ou se rabattre sur des solutions provisoires, mais pas viables », ajoute-t-elle.

Les freins d’accès aux logements sociaux

Accéder à un logement social relève quasiment de l’impossible pour les jeunes. Dans les grandes villes, la file d’attente pour un HLM peut s’étendre sur plusieurs années. « Le parc social est saturé, et les jeunes n’ont pas les moyens d’attendre », explique la directrice de l’Union Nationale pour l’habitat des jeunes. Avec une construction de logements sociaux au point mort, beaucoup se tournent vers le privé, où la réalité est brutale. Les étudiants et jeunes actifs n’ont souvent pas les trois fiches de paie, ni les revenus nécessaires pour satisfaire les critères imposés par les propriétaires.

Les jeunes sont les premiers exclus du parc locatif privé. Le problème, c’est qu’ils sont mécaniquement écartés d’une offre qui ne leur est pas adaptée, un obstacle de taille dans une société qui encourage pourtant la mobilité et l’indépendance des jeunes.

Quelles solutions pour débloquer la situation ?

Face à cette crise, les solutions ne manquent pas, mais l’urgence est de taille. Premièrement, il est essentiel de ne pas intégrer les logements intermédiaires dans les quotas de logements sociaux de la loi SRU, comme le proposait l’ancien ministre du Logement Guillaume Kasbarian. Cette mesure, si elle venait à passer, réduirait encore l’offre de vrais logements sociaux disponibles pour les plus démunis, y compris les jeunes.

Deuxième axe de réforme : la construction de logements sociaux. « Il faut relancer la machine, remettre sur pied un vrai programme de construction », insiste Mme la directrice. Côté privé, une solution serait de mettre en place une garantie universelle des loyers, un fonds public qui indemniserait les propriétaires en cas d’impayés. Cela permettrait aux jeunes d’accéder plus facilement aux locations, en réduisant les exigences des bailleurs sur les garanties.