L’Angleterre, confrontée à une montée des violences provoquées par des rumeurs et des fausses informations, a décidé de réagir en adaptant ses programmes scolaires. Le gouvernement britannique, sous la direction de la ministre de l’Éducation Bridget Philipson, place désormais l’éducation aux médias au cœur des priorités. L’objectif est d’apprendre aux jeunes à discerner les informations fiables des fake news qui prolifèrent sur les réseaux sociaux. On fait le point avec Denis Bouclon.
Un été marqué par des émeutes violentes
Le déclencheur de cette réforme est un événement tragique survenu en juillet 2024 à Southport. Lors d’un cours de danse, un homme armé a attaqué plusieurs enfants, faisant trois victimes et une dizaine de blessés. Bien que l’assaillant ait été rapidement identifié comme un jeune homme gallois d’origine rwandaise, les réseaux sociaux se sont rapidement enflammés avec de fausses informations.
Des comptes d’extrême droite très suivis ont diffusé des rumeurs affirmant que l’attaquant était un migrant musulman récemment arrivé en Angleterre. Ces fausses allégations ont été relayées par des personnalités influentes, comme Tommy Robinson, ex-leader de l’English Defense League, qui a qualifié l’agresseur de « djihadiste ». En quelques heures, des émeutes éclatent à travers le pays. Des manifestants attaquent des mosquées et des centres d’hébergement pour migrants, alimentant un climat de haine. Au total, près de 500 personnes sont arrêtées, parmi lesquelles des adolescents de 13 ans.
Former les enfants à identifier la désinformation
Face à ces dérives, le gouvernement de Keir Starmer a décidé de revoir les programmes scolaires pour mieux préparer les enfants à faire face à la désinformation en ligne. La ministre de l’Éducation, Bridget Philipson, a annoncé une réforme qui vise à développer l’esprit critique dès le plus jeune âge. Elle souhaite que les élèves apprennent à détecter les fake news au travers de plusieurs matières.
Par exemple, les cours d’anglais pourraient intégrer l’analyse d’articles de presse afin de distinguer les faits des rumeurs. De surcroît, les cours d’informatique incluraient la reconnaissance d’images manipulées, un phénomène de plus en plus courant sur les réseaux sociaux. Cette approche vise à renforcer la capacité des élèves à évaluer l’information qu’ils consomment quotidiennement, notamment sur TikTok, un des réseaux où les fake news circulent massivement.
La désinformation, un fléau mondial
L’Angleterre n’est pas le seul pays à se mobiliser contre la propagation des fausses informations. En effet, le phénomène prend de l’ampleur à travers le monde, comme l’illustre l’étude Onclusive-Digimind, qui a constaté une multiplication par 34 des fausses informations diffusées sur les réseaux sociaux entre septembre et novembre 2023. Cette explosion est notamment liée au conflit entre Israël et la Palestine.
D’autres nations s’organisent pour lutter contre ce fléau, à l’image de Taïwan, souvent cité en exemple pour son approche proactive. Le pays traite la désinformation comme un véritable virus, impliquant directement les citoyens dans la lutte contre les fake news.