Ça bouge en Haute-Corse ! La Chambre d’agriculture, avec le soutien de l’ODARC, vient de lancer un projet ambitieux : créer un marché de producteurs locaux, calqué sur le célèbre modèle de Rungis. L’idée ? Booster le circuit court et valoriser les pépites agricoles de l’île de Beauté. Le coup d’envoi a été donné à Vescovato ce lundi 22 juillet, avec une présentation détaillée suite à une étude de faisabilité. Ça promet de belles couleurs et saveurs sur les étals corses, dans un esprit de fraîcheur et d’authenticité à la française !
Un « Rungis » corse voit le jour à Vescovato
Lundi 22 juillet, c’était le grand show à Vescovato avec la Chambre d’agriculture de Haute-Corse et l’ODARC qui ont annoncé un projet phare : monter un marché de producteurs corses, inspiré du géant Rungis. Surnommé « Premier Carreau des Producteurs Corses », ce nouveau spot a été révélé en grande pompe sur l’esplanade de la Chambre d’agriculture. Objectif annoncé : « centraliser la distribution des produits locaux en promouvant les circuits-courts». Pour mettre le plan en marche, une étude a épluché cinq axes clés du marché : un carreau physique traditionnel, un carreau virtuel pour le e-commerce, un marché anticipé pour les préventes, et un marché d’export avec un label tout beau tout neuf. De quoi ravir Stéphane Layani, président du marché de Rungis, pour qui le marché est un véritable acteur du patrimoine et de la transition alimentaire.
Joseph Colombani, président de la Chambre d’agriculture de Haute-Corse, n’a pas mâché ses mots sur l’impact de cette initiative : « Aujourd’hui, il y a la nécessité de créer une économie productive en Corse, une économie qui soit basée sur autre chose que la rente et l’attente spéculative de touristes. Pour produire, il faut qu’il y ait un marché. Et pour qu’il y ait un marché, il faut une organisation incluant tous les acteurs : producteurs, distributeurs, transporteurs et consommateurs », a-t-il déclaré, mettant en avant le potentiel énorme de ce projet pour dynamiser l’économie régionale.
La Corse face au défi de l’autosuffisance alimentaire
En Corse, un chiffre attire particulièrement l’attention : l’île ne couvre que 4 % de ses besoins alimentaires, un taux bien en deçà des 80 % de la France métropolitaine, et même des 15 à 20 % des DOM-TOM. Joseph Colombani ne cache pas son désarroi à ce propos : « Ce faible niveau d’autosuffisance constitue un échec des politiques publiques. Il nous faudrait un financement de type POSEI, comme pour les DOM-TOM, pour définir des objectifs clairs et les atteindre avec des aides mieux ciblées ». Dominique Livrelli, à la tête de l’ODARC, souligne aussi l’importance du nouveau marché pour l’organisation et le développement agricole de la région. « Ce marché territorial est vraiment le maillon manquant pour les producteurs et les consommateurs », a-t-il expliqué.
Parmi les voix du terrain, Ceccè Geronomi, maraîcher, perçoit ce marché comme « une opportunité significative » qui simplifierait grandement la vie après les récoltes et réduirait les coûts pour tous les maillons de la chaîne de production. Alain Valentini, apiculteur, envisage quant à lui que ce marché pourrait « offrir une meilleure lisibilité à la filière apicole avec son label AOP », ce qui va permettre aux producteurs de mieux vendre leurs produits et d’accroître leur visibilité.